Pour s'appuyer sur des mots utiles

Activisme

Il est présent dans un large éventail de questionnements, d'explorations artistiques, d'expressions, d'actions, de performances et de pratiques. Il peut prendre forme dans une manière d'être, d'occuper l'espace, de se rendre présent·e, dans le fait de jardiner ou de faire une promenade en silence dans la nature. L'activisme peut également s'étendre à des formes plus visibles d'actions individuelles ou collectives, telles que des manifestations et des rassemblements contre des pratiques destructrices ou nuisibles aux systèmes vivants et à la Terre. Les formes d'activisme visibles apparaissent dans la ville comme des temps concrets de démocratie. L'activisme anime, joue, questionne et transforme les espaces urbains publics et les paysages intérieurs de ses habitant·es en suscitant la prise de conscience, l'attention et la réflexion critique, la curiosité et le désir d'avoir plus d'espaces pour la recherche créative et l'expérimentation permettant la transformation sociale. L'activisme revêt de multiples significations, tant pour les individus que pour les communautés. Le pouvoir des rêves, les imaginaires individuels et collectifs naissent souvent d'un éveil, de la prise de conscience d'injustices, de défis ou de crises vécues ou incarnées. En partageant leurs compétences, en apprenant et en créant ensemble, les activistes éveillent les consciences et contribuent au changement social en réfléchissant à l'avenir durable qu'iels imaginent. Créer et alimenter une communauté locale ou avoir le sentiment de faire partie d'un ensemble collectif interdépendant (un écosystème) constituent les premières étapes d'un travail d'activisme exploratoire qui questionne les croyances et les valeurs humaines, l'unité et la possibilité de survivre en relations étroites, en interconnexion avec les autres, les autres espèces et le monde qui nous entoure, en commençant par nos environnements immédiats.

[Vous voulez en savoir plus sur les différents types d'activismes? → A Taxonomy of Action]

Extrait de Activism, Vitalija Petri dans Radical Survival Toolkit, 2022. Traduction Cifas.

Art en commun

Cette physionomie si particulière des projets artistiques voit le jour au début des années 1990, notamment au Royaume-Uni, [...]. Il s’agit de créer dans l’espace social plutôt que dans l’atelier ; sur une longue durée et avec d’autres plutôt qu’en son for intérieur ; de façon collective plutôt que démiurgique. L’œuvre n’est pas le fruit du travail de l’artiste seul, mais celui d’une collaboration en présence entre artistes et volontaires. Comme nous le verrons plus avant, la contribution de ces derniers ne prend pas l’allure d’une invitation ou injonction ponctuelle à faire quelque chose dans un cadre spectaculaire (exposition ou performance), mais d’une collaboration au long cours dans les lieux de la vie quotidienne. La contribution de chacun s’y apparente à une mise en commun des savoir-faire et des expériences de chacun, qui permet de créer de nouveaux communs immatériels (symboles, savoirs, rituels, communautés), et matériels (biens ou espaces gérés de manière collective).

Ce type de pratique est identifié par les historiens d’art, tels que Claire Bishop, Grant Kestor ou Shannon Jackson, sous plusieurs noms différents : participatory art, community-based art, _socially-engaged art, social practice… Ces termes s’inscrivent dans une sphère de pensée anglo-saxonne où les notions de participation, de communauté, de social n’ont pas la même histoire, et ainsi les mêmes connotations que chez nous. C’est pourquoi, à l’occasion de ce premier livre destiné à un public français qui soit entièrement consacré à ces pratiques, il nous a semblé nécessaire d’imaginer un nouveau terme. Nous proposons le terme d’art en commun. À l’instar des autres noms qui ont cours, le choix de ce terme crée son propre système d’accents. Est ainsi mise en avant la caractéristique de cette pratique qui constitue le vecteur de notre enquête : dans quelle mesure l’art est-il à même de contribuer à la réinvention des conditions et des formes possibles d’un faire collectif ?

Extrait de L’art en commun – Réinventer les formes du collectif en contexte démocratique, Estelle Zhong Mengual, les presses du réel, 2018.

Interpellation

Lorsque nous parlons d'inclusion, nous avons parfois l'impression que ce terme est interchangeable avec la notion d'accessibilité. Il s'agit d'ouvrir des voies aux personnes "altérisées" dans un contexte préexistant, avec sa dynamique de pouvoir et sa hiérarchie inhérente. Quelqu'un, généralement une organisation, doit procéder à l'inclusion et, en faisant cela, dicte très probablement les conditions de cette inclusion. Les personnes "incluses" risquent donc d'être modifiées, lésées ou assimilées au cours du processus. L'interpellation en tant que concept nous invite à repenser cette dynamique : que se passe-t-il après l'inclusion ?

Ce terme politique est expliqué par le chercheur Chris McGee de l'université de Longwood : "Le terme interpellation a été proposé par Louis Althusser pour expliquer la manière dont les idées entrent dans nos têtes et ont un effet sur nos vies, au point que les idées culturelles ont une telle emprise sur nous que nous croyons pas qu'elles sont les nôtres. L'interpellation est un processus au cours duquel nous rencontrons les valeurs de notre culture et les intériorisons".

L'interpellation nous encourage à réfléchir au pouvoir, à la domination et à la transformation en relation avec l'inclusion et à élargir le paysage du changement. Si nous pouvons accepter que nous intériorisons toujours, dans une certaine mesure, le contexte dans lequel nous nous trouvons, le problème se trouve alors dans les préjugés et les comportements non-déconstruits qui nous accompagnent au quotidien. Nous reproduisons ceux-ci dans nos institutions. Elles disent aux personnes handicapées qu'elles ne sont pas à leur place. Elles disent aux personnes noires qu'elles ne sont pas à leur place. Elles disent aux personnes pauvres qu'elles ne sont pas à leur place. Elles disent aux personnes âgées et aux enfants qu'iels ne sont pas à leur place. Elles disent aux personnes à l'intersection de plusieurs de ces identités qu'elles ne sont vraiment pas à leur place.

Prendre la perspective de l'interpellation signifie être critique à l'égard des codes, des rituels, des comportements, des valeurs et des idées qui existent au sein de vos insitutions, de votre projet ou de votre communauté. Il ne suffit pas d'inclure, nous devons permettre au contexte, à la structure, à la dynamique de changer, pour que l'interpellation dont nous faisons l'expérience à chaque seconde nous permette de s'épanouir, et non d'être freiné·es.

Extrait de From Inclusion to Interpellation, Kim Simpson posté ici en 2021. Kim a appris ce concept dans un workshop à 17instituto et l'a partagé avec les participant·es de la Producers' Academy 2021. Traduction : Cifas.

Pouvoir

Pouvoir sur

Le Pouvoir sur est la façon dont le pouvoir est le plus souvent compris. Ce type de pouvoir repose sur la force, la coercition, la domination et le contrôle, et s'impose essentiellement par la peur. Cette forme de pouvoir repose sur la croyance que le pouvoir est une ressource limitée qui peut être détenue par des individu·es, et que certaines personnes ont du pouvoir et d'autres non. Les autres formes de pouvoir reconnaissent que le pouvoir n'est pas détenu par un individu mais qu'il fait parti des dynamiques présentes dans toutes les relations. Comme le suggère Starhawk (1990) : "Le pouvoir n'est jamais statique, car le pouvoir n'est pas une chose que l'on peut détenir ou stocker. C'est un mouvement, une relation, un équilibre, fluide et changeant. Le pouvoir qu'une personne peut exercer sur une autre dépend d'une myriade de facteurs externes et d'accords subtils."

Pouvoir avec

Le Pouvoir avec est un pouvoir partagé qui naît de la collaboration et des relations. Il repose sur le respect, le soutien mutuel, le pouvoir partagé, la solidarité, l'influence, la responsabilisation et la prise de décision de manière collaborative. Plutôt que la domination et le contrôle, le Pouvoir avec conduit à l'action collective et à la capacité d'agir ensemble.

Pouvoir de

Le Pouvoir de se réfère au "potentiel productif ou génératif du pouvoir et aux nouvelles possibilités ou actions qui peuvent exister sans recourir à des relations de domination". Il repose sur le "potentiel unique de chaque personne à façonner sa vie et son monde". Il s'agit du Pouvoir de faire changer les choses, de créer quelque chose de nouveau ou d'atteindre des objectifs.

Pouvoir intérieur

Le Pouvoir intérieur est lié au "sens de la valeur et de la connaissance de soi d'une personne ; il comprend la capacité à reconnaître les différences des un·es et des autres, tout en les respectant". Le Pouvoir intérieur implique que les personnes soient conscient·es de leurs propres capacité et valeur.

Different types of power, Steven Desanghere, dans Radical Survival Toolkit, 2022, inspiré par un poste de blog de Graeme Stuart. Traduction : Cifas.

Rituel

[...] si nous devions décrire concrètement un rituel, nous pourrions dire qu'il s'agit d'une séquence d'activités pouvant inclure des mots, des gestes, des actions ou des objets, et qui est exécutée avec une certaine intention, souvent à un moment précis. Les mariages et les cérémonie funéraires sont de bons exemples, mais d'autres moments peuvent être considérés comme des rituels. En effet, même si les rituels ont tendance à être stylisés, répétitifs et à se produire à des endroits et à des moments particuliers, ils dépendent principalement de l'intention des participant·es. Ainsi, enlever ses chaussures pour entrer dans un espace spécifique, fêter l'arrivée d'une nouvelle saison ou chanter une chanson à un enfant avant de dormir peut être aussi "ritualiste" qu'une cérémonie religieuse. En plus de ce qui a été dit précédemment, il est important de mentionner que les rituels sont spécifiques dans la mesure où leur fonction principale est de "faire" quelque chose: passer par un rituel nous permet de traiter une transformation potentielle qui peut se produire à grande échelle ou dans des parties plus subtiles et cachées de nous-mêmes. [...]

Les rituels peuvent prendre une infinité de formes différentes et se transformer au fil des générations. Certains viennent de nos ancêtres, d'autres sont inventés sur place. Mais tous partagent cette étonnante qualité de permettre une transformation symbolique et, dans une certaine mesure, effective. Personnellement, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un "outil magique" permettant d'accomplir n'importe quel désir. Cela dépend beaucoup du contexte, de la disponibilité intérieure du·e la fabricant·e et/ou du·e la praticien·ne et de leurs intentions. Mais je suis convaincue que c'est en tout cas un grand voyage que de découvrir les rituels qui ont un sens pour nous, de créer éventuellement les nôtres, et d'embrasser le potentiel de changement qu'ils nous offrent.

Extrait de What's a ritual?, Delphine Mertens, dans Radical Survival Toolkit, 2022. Traduction : Cifas.

Urbanisme culturel

L’urbanisme culturel regroupe un ensemble de pratiques qui contribuent à la transformation des territoires en vue de leur meilleure habitabilité. S’appuyant sur des interventions artistiques et culturelles situées, l’urbanisme culturel crée les conditions de la capacité à agir pour toutes les parties prenantes et influe sur les modes opératoires de la fabrique territoriale. Ce champ interdisciplinaire s’inscrit à la fois dans les enjeux contemporains des transitions et dans la confluence de plusieurs histoires : urbanisme, pratiques artistiques contemporaines, politiques culturelles, éducation populaire... Cette démarche intervient à de nombreux endroits de la fabrique des territoires : aménagement des espaces publics, paysages, scénographie urbaine, usages, ambiances, relations sociales et au vivant, production symbolique.

Pilotées par des acteurs aux profils différents, les interventions d’urbanisme culturel se jouent à différentes échelles, humaines, spatiales comme temporelles. Nécessairement ancrées sur leur territoire d’action, les démarches d’urbanisme culturel conjuguent différents mondes et s’ajustent en permanence à leur contexte. Elles se caractérisent par leur ingéniosité, leur capacité de décadrage, leur intelligence des situations, leur faculté à faire avec, et à prendre soin.

L’urbanisme culturel, ce sont des pratiques, des postures et des modes de faire respectueux des ressources, pour des territoires plus résilients, poétiques, conviviaux, attachants et inspirants.

Définition co-écrite par les membres du Mouvement de l’urbanisme culturel, à retrouver dans leur document Repères, partager par la coopérative d'urbanisme culturel Cuesta.